Gavin, Violette
Contenu
Naissance, études
Violette Clerc est née le 23 novembre 1904 à Rolle, dans la maison que son père avait acquise sept ans auparavant, au bas de l’Avenue de la Gare.
Elle a fait son école primaire et son collège classique (avec latin) à Rolle, puis son Gymnase classique et ses études de lettres ainsi que son Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire à Lausanne.
Elle a aussi appris le piano qu’elle a pratiqué, et très bien, toute sa vie, malgré des doigts déformés par l’arthrose.
Ses parents l’ont élevée dans une atmosphère très stricte, ce qui ne l’a pas empêchée de prendre son indépendance assez rapidement ; elle a fréquenté la Société d’étudiants de Belles-Lettres, et participé à leurs fêtes sur l’Ile de la Harpe à Rolle. Elle s’est fait d’excellents amies et amis pendant ses études, l’une d’entre elles étant d’ailleurs devenue la marraine de Jean-Louis. (voir ci-dessous en annexe: Petit frère de Moïse)
Après ses études, elle a enseigné le français pendant une année dans un pensionnat à Landquart (Grisons).
Petits noms familiers
Violette Eugénie Emma Gavin née Clerc disait n’aimer aucun de ses trois prénoms.
A l’âge de 7 – 8 ans, il semble que le second prénom « Eugénie » fut employé, mais ce fut pendant une courte période.
Dès l’âge de 14 ans, et jusqu’à 26 ans peu avant son mariage, elle fut appelée et utilisa elle-même le petit nom « Chouchou » (= la préférée), parfois « Chou ».
Courrier adressé à et expédié par
Violette Eugénie Emma Gavin née Clerc, née en 1904,
tiré d’une collection de cartes postales
1911 âgée de 7 ans Nini (à partir d’EugéNIe)
1912 âgée de 8 ans Eugénie
1918 âgée de 14 ans Chouchou
1922 âgée de 18 ans Chouchou
1922 âgée de 18 ans Chou
1924 âgée de 20 ans Chouchou
1927 âgée de 23 ans Chouchou
1929 âgée de 25 ans Chouchou
1930 âgée de 26 ans Chouchou
Violette et Henri
Carte postale de Violette Clerc à Henri Gavin, Rome, 30 mars 1929. Violette et Henri se sont mariés le 2 juin 1930.
Mariage, domiciles, enfants
Elle s’est mariée à l’âge de 26 ans avec Henri Gavin.
Légende de la photo du mariage de Henri GAVIN et de Violette CLERC, Rolle, 2 juin 1930
1. Henri Gavin
2. Violette Clerc
3. Louis Clerc, père de Violette
4. Madeleine Clerc, mère de Violette
5. Théodore Clerc, frère de Violette
6. Fernande Clerc, épouse de Théodore
7. Madeleine Zbinden, soeur de Violette
8. Jacques Zbinden, époux de Madeleine
9. Marguerite Merminod, soeur d’Henri Gavin
10. Jean-Pierre Merminod, fils de Marguerite
11. Henri-Robert Merminod, fils de Marguerite
12. Jean-François Gavin, frère d’Henri
13. Susanne Gavin, soeur d’Henri
14. Louis Milliet, oncle d’Henri Gavin, pasteur
15. Mina Madlener, tante d’Henri Gavin
16. Théodore Madlener, époux de Mina
17. Jeanne Madlener, fille de Mina
18. Lillian Ebersberger, amie de Violette Clerc
19. Max Ebersberger, époux de Lillian
Le mariage a eu lieu à Rolle, et a été béni par un oncle d’Henri, le pasteur Louis Milliet. Violette et Henri étaient de bons marcheurs, qui faisaient volontiers de longues excursions dans les Alpes. En hiver, ils pratiquaient le ski, dans la poudreuse évidemment.
Henri Gavin travaillait à l’époque chez BBC à Baden, et le couple s’est installé dans le village voisin de Wettingen, où les deux aînés Jean-Louis et Paul sont nés. Violette s’est chargée de l’enseignement de ses fils (en français), l’arrière-pensée étant un retour en Suisse romande. La famille a déménagé deux fois à Wettingen, la deuxième fois pour une maison qu’Henri avait achetée.
A Yverdon
Le dit retour eut lieu en 1941, à Yverdon, où Henri entra au chemin de fer Yverdon – Sainte-Croix. La même année naissait son troisième fils, Pierre.
Violette a chanté au Chœur mixte d’Yverdon, dès sa fondation ; le répertoire était les grandes œuvres de Bach, Mozart, etc.
En 1949, la famille déménagea à la Rue des Uttins 26, dans une villa toute neuve.
Violette s’est alors engagée dans le Comité du Repuis, maison pour jeunes filles mentalement handicapées.
Henri est décédé au printemps 1952, ce qui obligea Violette à subvenir seule aux besoins de sa famille ; elle a alors enseigné au Collège d’Yverdon, puis à l’Ecole Vinet à Lausanne. Elle a dû vendre la maison, et s’installer à Beau-Lac, maison de famille à Pully, où vivait déjà sa belle-sœur Marguerite Merminod. Violette Gavin a travaillé à l’Ecole Vinet jusqu’à sa retraite.
Aux Etats-Unis
Son fils Paul étant établi, marié et père de trois fils, au Connecticut depuis 1966, elle a traversé l’Atlantique plusieurs fois pour aller leur rendre visite.
Déménagement
En 1970, elle a déménagé dans un appartement situé non loin de Beau-Lac où Pierre et sa famille se sont installés.
Les Marécottes
Dès 1973, elle a invité à plusieurs reprises ses neuf petits-enfants à passer quelques semaines dans un chalet qu’elle louait aux Marécottes, au-dessus de Martigny. Elle leur a appris la vie communautaire, le sens des responsabilités, le partage du travail, et le plaisir des belles marches. Ces vacances sont restées un souvenir commun très fort.
Consulter l’album complet sur le séjour aux Marécottes en 1973.
La maison de Rolle
Son frère Théodore et sa sœur Madeleine étant décédés sans enfants, elle est devenue seule propriétaire de sa maison natale à Rolle.
Activités non professionnelles
Elle est restée très active : elle a fréquenté de nombreux concerts, conférences, cours d’histoire, opéras de Wagner à Bayreuth avec Pierre et Danielle, etc. ; très vive d’esprit, elle s’intéressait à tout ; elle a continué à lire et à jouer du piano tant que ses yeux et ses doigts le lui ont permis.
Au piano
Violette Gavin a joué du piano de sa prime jeunesse jusqu’à son décès. Elle racontait qu’enfant il lui arrivait de pianoter une phrase musicale sur la table pendant le repas, que « ça ne se faisait pas » et qu’elle se faisait régulièrement remettre à l’ordre.
En 1941, elle a acquis un piano à queue Pleyel, modèle F, noir, vendu le 1er avril 1940 par le fabricant au marchand Jecklin à Zürich, chez qui elle l’a acheté.
Ce piano a suivi ses propriétaires sans coup férir:
Propriétaire = Violette Gavin
- Wettingen, Seminarstrasse
- Yverdon, Rue Haldimand
- Yverdon, Rue des Huttins
- Pully, Av. des Cerisiers 33
- Pully, Av. des Cerisiers 24
Propriétaire = Nicole Jolliet
- Coppet, Route de Founex, chez Jean-Louis Gavin
- Münchwilen, Eschlikonerstrasse, chez Nicole Jolliet
- Ecublens, Ch. de l’ Ormet 75
- Ecublens, Ch. de l’Ormet 11b
- Ann Arbor, MI, US, où il est encore actuellement
Au décès de Violette Gavin, ce piano est revenu à Nicole Jolliet, sa petite-fille aînée avec qui elle avait fait beaucoup de musique.
On trouve ci-dessous un extrait des Registres de la marque Pleyel portant mention de cet instrument, et quelques photos récentes.
Enregistrements faits par Christian Gavin (?) en 1978, sur le piano Pleyel. L’enregistrement sur bande a été recopié sur CD par Paul Gavin. Il contient:
1) Bach, Toccata en mi mineur
2) Schubert, Klavierstücke en la majeur
3) Schumann, Romance
4) Schubert, Variations sur un thème de Diabelli
Anecdotes
Dans sa lettre de condoléance après le décès de Violette Gavin, Nicole Duplan-Constançon écrit:
« L’annonce de ce décès m’a rappelé plein de souvenirs: mes premières leçons de piano où j’avais eu le culot de prétendre que les touches étaient moins espacées chez moi, donc que je réussissais mieux les arpèges à la maison. Et votre Maman avait simplement mesuré la longueur d’une octave en me demandant de faire de même chez moi! »
Violette avait une très grande capacité à apprendre la musique par cœur. Dès son enfance, elle aimait pianoter sur la table du repas une des phrases musicales qu’elle avait en tête. Ce n’était pas du goût de son père, car ce n’était pas une façon de se tenir à table.
Son fils aîné se souvient que, travaillant avec assiduité et parfois avec peine une partition de piano, il lui arrivait d’entendre sa mère crier depuis la cuisine où elle était occupée un tonitruant « si bémol !!! » à la suite d’une fausse note.
Cours de philosophie
Cahier toilé noir, contenant les notes de cours de philosophie des années 1924-1925, certainement à l’Université de Lausanne. Le cahier commence par une histoire générale de la philosophie, été 1924, sans mention du professeur. Puis il continue par un cours de philosophie ancienne, hiver 1924-25, « cours de M. Bridel ».
Cours « Histoire des populations »
Titre complet: Histoire des populations, La vie et la mort autrefois, France et Angleterre, 17e et 18e siècles. Support de cours polycopié, A4, 57 pages. Non daté, professeur inconnu. On a scanné seulement les 3 premières pages.
Grec ancien
Au milieu des années 1980, Violette Gavin s’intéressa au grec ancien. Elle demanda à sa petite-fille Laure Gavin de lui apprendre quelques notions.
Ses engagements
Violette Gavin fut élue en octobre 1969 au Comité de l’Association des Femmes universitaires, en qualité de trésorière.
Elle ne supportait pas l’injustice ; elle a signé et fait signer bon nombre de pétitions en faveur des victimes des régimes politiques peu respectueux des droits de l’homme. Elle a en particulier milité pendant de nombreuses années pour Amnesty International, et envoyé une quantité de requêtes à des chefs d’Etat pour leur demander la libération de prisonniers politiques. Sa volonté de « se battre pour » a marqué une de ses petites filles, qui, comme elle, a milité pour de multiples causes.
Décès
Violette Gavin est décédée à son domicilie, le 24 octobre 1989. Les lettres de condoléance reçues à cette occasion sont déposées aux Archives cantonales vaudoises, dans le fonds de famille, sous la cote PP 937/358.
Condoléances à l’occasion du décès de Violette Gavin, 1989.
Consultez les messages de condoléances
Annexe: Petit frère de Moïse
Texte de Jean-Louis Gavin, 14 janvier 2011
En été 2010, Jean-Louis Gavin a tenté de faire de l’ordre dans les divers documents conservés depuis longtemps, afin de déterminer si certains d’entre eux méritaient de faire partie du Fonds Gavin aux Archives cantonales.
Dans la pile des cahiers d’école qui datent de son gymnase à Neuchâtel, donc 1952 et avant, il trouve, qui n’ont rien à y faire et dont il ignorait l’existence, des cahiers ayant appartenu à ses parents.
Et parmi ceux-ci, un cahier format 17,5 x 21,5 cm, couvert en toile cirée.
En page une, ces quelques mots de l’écriture de sa Maman (Violette Gavin née Clerc) :
Petit frère de Moïse
né à Lausanne le 18 juillet 1929
Le mystère est complet : de qui s’agit-il ? et pourquoi ne pas donner le vrai nom du nouveau-né ? et qui était ce Moïse ?
A gauche de la page une, donc à l’intérieur de la couverture, six adresses : celles de
Gavin-Clerc, Henri Grellet, Félix Ansermoz, Hélène Bovon-Mayor, Marianne Secrétan-Bergier, Daniel Vermeil
Le mystère s’épaissit : ses souvenirs d’enfant font ressurgir les noms de Vermeil ou de Grellet ; mais à quelle occasion les a-t-il entendus ? Autre problème : en 1929, à la naissance du petit frère de Moïse, aucune des trois dames n’était mariée, et pourtant l’adresse indiquée comporte le nom de leur époux ! Prémonition ???
Entre la page de couverture et la page une, un billet demandant d’envoyer Moïse à
Violette Gavin à Wettingen : on ne parle plus du petit frère de Moïse, mais de Moïse lui-même ! Et, en 1929, Violette Clerc n’était ni mariée à un Monsieur Gavin, ni domiciliée à Wettingen ! On remarque que toutes ces adresses sont écrites de la main de Violette, mais avec des plumes différentes, donc à des moments divers.
Dans son premier courrier, Violette Clerc écrit de Cambridge où elle suit des cours d’été ; elle remercie ses amis de lui avoir confié la garde du premier Moïse.
Elle va le laisser circuler encore pour que chacun puisse prendre connaissance des derniers nouveaux. Mais ce premier cahier est introuvable; ne lui est-il jamais revenu ?
Le 20 octobre 1932, elle plaint le pauvre petit Moïse qui lui arrive après plus de deux ans d’attente. Sert-il encore à quelque chose ?
Son intervention remet Moïse en circulation, jusqu’en mai 1933. Et là, nouveau mystère : elle reçoit le cahier, que Jean-Louis retrouve 77 ans plus tard !!! Elle ne l’a donc jamais renvoyé ….
Et Jean-Louis se demande s’il n’est pas le fautif : il a fait mon entrée dans la famille peu après le dernier voyage de Moïse II. Aurait-il occupé sa mère au point qu’elle n’a plus eu le temps d’écrire ? Etait-il si insupportable qu’elle n’a pas osé le faire savoir à ses amis ?
Si cette histoire vous amuse, vous pouvez consulter les 80 photos du Petit frère de Moïse